Bischwiller : l'église protestante


église protestante de Bischwiller

(EPCAAL) et (EPRAL) Rue de l'Église 67240 Bischwiller.

Historique : fièrement dressée sur son promontoire face à la Moder et à la plaine du Rhin, l'église protestante de Bischwiller en est à son 8ème siècle d'existence. Une église pas comme les autres ... simplement parce que, contrairement aux habitudes, elle ne se trouve pas au milieu de l'agglomération, mais sur la bordure Nord de la bourgade, rue de l'Église. Sans doute la butte où elle fut érigée en 1300 par les soins de l'évêque Frédéric 1er de Lichtenberg et consacrée à la Vierge Marie, y fut-elle pour quelque chose.

Pourtant,il existait déjà un modeste lieu de culte à l'annexe toute proche du quartier de Hanhoffen : une chapelle, construite vers 1195 par l'évêque de Strasbourg qui avait là un rendez-vous de chasse, d'où le nom de la localité qui apparaît un peu plus tard: «Bischoveswilre» (le village de l'évêque). Cette chapelle a été cédée aux catholiques en 1684 ; ils l'ont utilisée seuls jusqu'à la construction de leur église Saint-Augustin en 1837. On y a retrouvé en 1956 des fresques datant du 14e siècle. Certaines relatent la légende de saint Nicolas, à qui la chapelle est dédiée. Elle fonctionne sous le régime du simultaneum depuis 1859.

Lorsqu'en 1525 la population demanda à l'unanimité l'introduction des cultes issus de la Réforme, le premier pasteur qui y fut nommé était Gervasius Schuler, natif de Strasbourg, disciple de Zwingli et prédicateur à Zurich. Ce qui fait que cette communauté de nouveau style était ce qu'on appelle aujourd'hui réformée. À court d'argent, l'évêque de Strasbourg vendit son bien de Bischwiller à divers seigneurs laïcs. Celui-ci passa en 1542 aux ducs de Deux-Ponts qui restèrent seigneurs du lieu jusqu'à la Révolution française. Ceux-ci, eux-mêmes protestants, mais luthériens, furent étroitement liés à la communauté protestante de Bischwiller. C'est ainsi que le duc Jean Il permit vers 1600 l'installation de réfugiés huguenots venant des Pays-Bas, de la Flandre et des provinces du Nord de la France.

Entre 1617 et 1619, il accueillit également les réformés qui avaient fui la France et s'étaient installés à Phalsbourg (voir sous Phalsbourg). Par une heureuse coïncidence, ces nouveaux arrivants étaient tous, de près ou de loin, liés à des métiers du textile. Le duc leur ayant accordé des conditions d'établissement favorables (terrain gratuit, liberté d'exercice du culte dans leur langue, liberté d'exercer tout métier honnête, nomination d'un pasteur francophone, liberté d'enseignement en français etc.), les huguenots créèrent à Bischwiller l'industrie du textile. La population s'agrandit rapidement, aussi par l'arrivée de protestants venant des provinces voisines de langue allemande, mais de rite luthérien. Signalons aussi qu'entre 1588 et 1654 les réformés de Strasbourg, interdits de célébrer leurs offices en cette ville, se rendaient à Bischwiller pour les cultes. Leur présence contribua à augmenter l'influence calviniste, renforcée après 1648 par une immigration helvétique francophone. C'est aussi à eux que l'on doit l'introduction, à Bischwiller, du catéchisme de Heidelberg.

Officiellement, seul le culte réformé était admis à Bischwiller, de sorte que les cultes se passaient séparément : les réformés de langue allemande et les réformés de langue française célébraient leurs cultes à l'église; en 1690, Christian de Birkenfeld rétablit le culte luthérien dans la chapelle du château Tiefenthal, situé en contrebas derrière l'église. Cependant, au bout de quelques décennies, les luthériens manquèrent de place au château ; il fut alors décidé de les accueillir à l'église. Il y eut donc trois paroisses : les réformés de langue allemande, les réformés de langue française et les luthériens. On organisa trois cultes tous les dimanches matin : d'abord les réformés de langue allemande, puis les réformés de langue française, enfin les luthériens ! Afin d'éviter les frictions, le duc de Deux-Ponts édita une ordonnance (Kirchenordnung), organisant de façon détaillée la vie ecclésiale et privée des protestants. Ainsi, en cas de mariage mixte (réformé-luthérien), il fut décidé que les enfants issus de ce mariage suivraient, pour les garçons, la confession du père, et, pour les filles, la confession de la mère, ce qui, au bout de deux générations, n'a pas manqué de provoquer de sérieux imbroglios, et cela d'autant plus qu'il était difficile pour un luthérien de passer à la confession réformée et inversement, car chaque communauté tenait jalousement à ses effectifs.

Cela n'a pas empêché les uns et les autres de travailler ferme : les réformés étant le plus souvent les patrons, donc aussi les plus riches, les luthériens occupant des fonctions plus modestes. Les ducs de Deux-Ponts avaient pris pour habitude de résider, au moins durant une partie de l'année, à Bischwiller. Dès 1644, ils firent creuser un caveau, derrière l'autel, caveau dans lequel fut déposé le cercueil de la princesse Clara-Sybilla, décédée à l'âge de un an, un mois, une semaine et un jour. Un monument funéraire, au fond du chœur, rappelle encore son souvenir. Une autre plaque, aujourd'hui visible à côté de l'escalier menant à la chaire, relate le décès du fils du bailli Obernheimer, décédé à l'âge de 40 semaines.

Vers 1720, il se trouva que la population avait augmenté au point que l'église se révéla trop petite. En 1722, grâce à des aides du Palatinat et de Suisse, on décida de l'agrandir en empiétant sur le cimetière entourant le bâtiment et en créant le transept Nord. En même temps fut construit le transept Sud, d'où, dans une loge située au premier étage et chauffée par une cheminée à la française, le duc pouvait assister au culte. En outre l'église fut dotée en 1729 d'un orgue sorti des ateliers du célèbre facteur d'orgue André Silbenmann. Placé à l'origine au-dessus du chœur, il fallut, en 1856, le déplacer pour permettre son agrandissement. Il comporte 33 registres, dont certains datent encore des mains de Silbermann. Aujourd'hui classé monument historique, ce bel instrument permet l'organisation de concerts dans cette église dont l'acoustique est particulièrement favorable. Il y eut une autre modification : en 1856 les protestants estimèrent que le clocher de leur église, un vénérable clocher roman, à deux pentes, ne se voyait pas d'assez loin. Comme les patrons étaient riches, ils décidèrent d'y remédier et remplacèrent le clocher roman par un clocher pointu dont on n'oserait prétendre qu'il s'harmonise avec le style du bâtiment.

Il y eut cependant des emplois des moyens financiers plus conformes aux préceptes de l'Évangile : en 1723, les trois communautés décidèrent de fonder un asile pour les malades et les nécessiteux. D'abord installé dans une modeste maison au bord du Rotbaechel, cet asile, dénommé aujourd'hui Diaconat, 2 rue de l'Église, est devenu, au fil des déménagements et des agrandissements, une maison de retraite. Ajoutons la création, en 1863, par la paroisse réformée, d'un collège ouvert aux enfants de toutes les confessions. C'était l'ancêtre de l'actuel lycée André Maurois.

En 1826, il y eut à Bischwiller : une église protestante simultanée, trois presbytères et trois écoles protestantes. Fonctionnant séparément depuis l'arrivée de huguenots et des luthériens, les trois, puis les deux paroisses se sont peu à peu rapprochées depuis 1937 (année de fusion des deux paroisses réformées), malgré des crises ponctuelles, tout en maintenant des cultes séparés. Après la Seconde Guerre mondiale, ce rapprochement s'accentua et on alla jusqu'à organiser de temps à autre des séances communes des deux conseils presbytéraux. De plus on assistait à une diminution sérieuse du nombre de paroissiens: en 1525, Bischwiller était protestant à 100 % ; en 1939, les protestants ne représentaient plus que 50 % de la population, et en 2001 ce pourcentage est tombé à 22 %. les causes en sont l'exode d'une grande partie de la population en 1870, la disparition de l'industrie textile, le départ des jeunes générations qui ne trouvaient plus de situation sur place et l'augmentation globale de la population, essentiellement par l'arrivée d'éléments catholiques.

En 1980, la paroisse réformée et la paroisse luthérienne décidèrent de fusionner, non pas juridiquement, mais de facto. Toutes les activités sont communes, il n'y a plus qu'une seule série de registres paroissiaux et un seul conseil presbytéral. Même les finances sont communes ! la distinction réformé-luthérien a disparu.

Jusqu'en 1927, Bischwiller était desservi par quatre pasteurs (deux luthériens et deux réformés). À l'heure actuelle, il n'y en a plus qu'un seul, nommé tantôt par l'EPRAL, tantôt par l'EPCAAL:, mais bénéficiant de l'aide de l'aumônier des Établissements hospitaliers départementaux. Signalons enfin que c'est à Bischwiller, ville symbole des liens entre le protestantisme et l'industrie en Alsace du Nord que les deux Églises régionales ont choisi d'implanter un ministère dans l'Industrie. Créé en 1987, ce Service protestant dans le monde du travail étend aujourd'hui son action sur l'ensemble de l'Alsace du Nord. Il s'agit d'un travail d'animation, de communication et d'accompagnement de personnes qui vise l'articulation entre les convictions chrétiennes et la vie professionnelle.

Voir l'intérieur et l'orgue de ce temple pages suivantes.

Voir la liste des pasteurs ayant desservi cette église : à rédiger avec votre aide.

Voir le site Internet de cette paroisse: en attente de sa création.


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Photo : Michel Goyard. tous droits réservés.